Le Parisien – St-Étienne, dernière ville française à former des armuriers

Le Parisien – St-Étienne, dernière ville française à former des armuriers

Le Parisien, article publié le 28 septembre 2020

 

La préfecture de la Loire est aussi le fief de Verney-Carron, la plus ancienne société familiale produisant des fusils de chasse, qui fête son bicentenaire.

C’est l’une des plus belles réussites industrielles de Saint-Étienne (Loire). En cette fin d’année, l’armurier Verney-Carron célèbre ses 200 ans. Un bicentenaire qui ne passe pas inaperçu en ville. Le musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne – qui héberge la deuxième collection d’armes de France – a décidé de marquer le coup en consacrant une exposition, « Armes pour cible », à ce savoir-faire stéphanois emblématique, une spécificité du territoire qui, aujourd’hui, encore continue de faire vivre des dizaines de familles.

« Saint-Étienne était historiquement un endroit où l’on fabriquait des armes parce qu’il y avait tout sur place : les matières premières, l’eau pour tremper les armes », racontent Guillaume et Jean Verney-Carron, respectivement directeur général et président de la société éponyme qui emploie 77 personnes. « Notre coeur d’activité, c’est l’arme de chasse. Nous en vendons 7000 par an. »

Malgré la crise du Covid-19, le marché se porte plutôt bien grâce au dynamisme de l’export et une filière de formation à l’affût de nouveaux talents. Il y a deux ans, Guillaume et Jean Verney-Carron ont eu la bonne idée de signer une convention d’apprentissage avec l’école d’armurerie du lycée des métiers Benoît-Fourneyron de Saint-Étienne, seul établissement en France à former des armuriers, qui leur permet de recruter les meilleurs profils.

Dix offres d’emploi pour un armurier

En cette rentrée, trois jeunes apprentis armuriers ont ainsi intégré l’entreprise Verney-Carron. « Je suis né à Saint-Étienne. Mon grand-père avait un fusil Verney-Carron qui est une marque connue dans le monde », se réjouit Arthur Gential, des étoiles plein les yeux. Lorsque l’opportunité d’apprendre le métier d’armurier s’est présentée, le jeune homme de 19 ans n’a pas hésité. « C’est un métier manuel et historique, exactement ce que je recherchais. »

Dans trois ans, il sera titulaire d’un BMA (Brevet des métiers d’art) et sait déjà que les offres d’emploi ne manqueront pas. « Que ce soit chez nous, chez les armuriers revendeurs ou dans les grands ministères comme la Défense, par exemple, ce sont des profils recherchés. Il y a environ 10 offres pour un armurier », confirme Guillaume Verney-Carron. Car la chasse est une tradition bien ancrée en France où 1,1 million de passionnés valident chaque année leur permis. « C’est le pays qui compte le plus de pratiquants en Europe », rappellent les dirigeants de Verney-Carron dont la société est labellisée « Entreprise du patrimoine vivant ».

Jadis renommée « Armeville » du temps de la Révolution française, Saint-Étienne est depuis considérée comme la capitale tricolore de l’armurerie. La ville compte encore une poignée d’artisans-armuriers. Le principal concurrent de Verney-Carron, Chapuis Armes, est, lui, basé à Saint-Bonnet-le-Château (Loire), à une trentaine de kilomètres, et a été repris l’an dernier par l’emblématique groupe italien Beretta.

Saint-Etienne (Loire), mercredi. Arthur Gential, qui vient d’entrer en apprentissage chez le fabricant d’armes Verney-Carron, travaille sur ses premiers fusils de chasse sous le regard de Jean et Guillaume Verney-Carron.

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