Chassons.com – Nouveau système d’information pour les armes, nos armuriers s’interrogent

Chassons.com – Nouveau système d’information pour les armes, nos armuriers s’interrogent

Chassons.com, article publié le 29/01/2020

A partir de l’année prochaine, les chasseurs français enregistreront désormais leurs fusils et autres carabines au sein du SIA, le nouveau système d’information pour les armes. Les particuliers disposeront d’un râtelier virtuel qui leur permettra notamment d’éviter de se déplacer en préfecture pour déclarer les armes mais aussi d’éditer leur carte européenne d’arme à feu en ligne. Les armuriers, quant à eux utiliseront un registre totalement dématérialisé. Nous avons interrogé plusieurs armuriers français du réseau Pisteurs pour recueillir leur avis sur cette nouvelle réglementation :

Stéphane Auvray est armurier à Gleize (banlieue de Lyon) et gère l’armurerie Steflo. Il est aussi le président du Réseau Pisteurs (Ex Unifrance).
Le SIA est une excellente évolution pour notre profession. Cet outil permettra de gagner un temps précieux dans la traçabilité des armes et de son propriétaire. Néanmoins des doutes subsistent, il sera indispensable que toutes les déclinaisons d’armes modernes soient correctement identifiées dans cet outil afin de ne pas laisser les futurs détenteurs sans documents de transport et/ou de propriété. Ma plus grande crainte est l’erreur d’enregistrement par les particuliers qui ne maîtrisent pas toujours suffisamment le vocabulaire « des armes ». Ces derniers font souvent la confusion entre automatique, semi-automatique et répétition par exemple. Nous rencontrons régulièrement des déclarations validées par l’administration avec des erreurs sur le système d’alimentation, le nombre de coups, etc…
De même, il reste indispensable qu’un professionnel valide physiquement un transfert d’arme afin de vérifier le numéro, les longueurs, le type de chargeur qui ne peuvent se faire par photo faute de manipulation réelle et sérieuse par un armurier dans son point de vente.
Ainsi, notre profession en sortira grandi et apportera une véritable sérénité auprès des non-utilisateurs d’armes à feux. La dématérialisation de nos registres « papiers » en armurerie  est une avancée mais pour la pérennité de notre métier il est important que les armuriers professionnels puissent « valider » par une brève manipulation physique la cohérence des transferts entre particuliers.

Jacky Laudier, armurier à Dreux et membre du réseau Pisteurs.
C’est indéniablement une excellente chose pour notre profession. Nous allons ainsi remettre à plat toutes nos réglementations. C’est un avantage pour nous mais aussi pour les chasseurs et les tireurs. Cela simplifiera leur quotidien et le nôtre. A l’heure actuelle, la paperasse à remplir lors de la vente d’une arme est extrêmement contraignante. En revanche, aurons-nous bien toutes les références des armes dans le logiciel ? Ce système sera-t-il simple à utiliser ? Dans tous les cas, il faut avancer et utiliser des outils plus modernes. Cela sera donc une véritable amélioration.

Fabrice Champagne travaille à Château-Thierry à l’armurerie Castel’Armes , également membre du Réseau Pisteurs.
Mon avis est clairement favorable. Je rejoins mes confrères et je pense d’ailleurs que cela permettra aussi des économies de timbre et de papier. La mise en place sera longue mais au final, les armuriers devraient y trouver leur compte.

Grégory Cagneaux est armurier à Lamotte-Beuvron (Sologne Armes), il est aussi membre du réseau Pisteurs.
C’est bien évidemment une excellente chose pour l’ensemble des possesseurs d’armes dans notre pays, qu’ils soient chasseurs, tireurs sportifs ou collectionneurs. Ce système va permettre de clarifier les choses, de responsabiliser les gens et aider les armuriers à travailler dans de meilleures conditions. Un système qui n’arrêtera pas le marché illégal des armes mais qui contribuera certainement à le ralentir. Il était nécessaire qu’à l’heure du numérique notre profession se modernise et travaille avec les outils actuels mis à notre disposition, tout cela pour le bien de tous. 

Laurent Riffaut est armurier à Orbec (dans le calvados) et lui aussi membre du réseau Pisteurs
Sage décision, le papier remplacé par le numérique le tout géré par des professionnels ! Terminés les registres, les photocopies et les courriers par mètres cubes expédiés aux préfectures, sans compter les nombreuses questions et retours de courriers pour telle ou telle arme non répertoriée sur le fichier AGRIPPA. Ce système archaïque ne pouvait continuer, une grande partie des pays Européens avait déjà fait ce pas depuis longtemps. En accord avec l’ensemble de mes confrères, je confirme l’intérêt de cette nouvelle disposition.
Cependant, je m’interroge sur la gestion des armes qui transiterons pour réparation dans chacun de nos ateliers et qui devront être, elles aussi enregistrées afin d’être suivies et donc fichées sur ce nouveau support !
Comment allons-nous gérer ce volume d’armes lisses (superposés, juxtaposés et mono-canons) acquises avant l’année 2011, non soumises à déclarations à ce jour ?
La tâche risque d’être lourde.

 Pauline Zacharie, armurière à Autun (Armurerie James) et membre du réseau Pisteurs
Mes confrères ont bien résumé cette révolution. Je pense que le SIA est une évolution évidente dans notre nouveau monde virtuel. De nombreuses démarches administratives seront réduites, le suivi sera minutieux et il sera plus rapide pour les professionnels, tireurs et chasseurs d’obtenir des informations sur leurs acquisitions. Comme toute nouveauté, il nous faudra du temps pour s’adapter mais nous y arriverons. Toutefois, comment va-t-on procéder pour les dépôts ventes s’agissant des clients souhaitant les récupérer sans permis de chasser (veuve) ?
Et est-ce que les particuliers auront une aide informatique pour  remplir convenablement les informations sur leurs armes ?

Source: chassons.com https://www.chassons.com/chasse-en-france/legislation/nouveau-systeme-information-armes-avis-six-armuriers-francais307045/307045/